Philippe Petrucciani et sa femme Nathalie Blanc sortent pour la première fois un album à deux

Tout est parti d’une envie de replonger un peu dans les sensations de l’adolescence, même si pas mal d’eau a coulé sous les ponts. Comme son père, Tony, Philippe Petrucciani est devenu guitariste de jazz. Son frère, Louis, est contrebassiste. Et le troisième membre de la fratrie, Michel, le plus illustre, était pianiste. S’il a tout donné à la note bleue, Philippe en pinçait pas mal pour la pop et le rock made in UK.

Reprises, compositions originales et impros

Sur « Let’s Have A Walk », on trouve donc des reprises des Beatles, de Genesis ou de King Crimson. « J’avais très envie de remettre tous ces artistes dans mon répertoire. Dans le magasin de musique de notre famille, à Montélimar, j’avais la chance d’avoir tous ces disques entre les mains, ils m’ont marqué », nous explique Philippe, basé à La Garde avec son épouse, la chanteuse Nathalie Blanc.

Chez Nathalie, qui a aussi grandi parmi les « zikos », avec un père flûtiste et saxophoniste, « on écoutait de l’opéra et du Charlie Parker en boucle ».

Dans ce panorama sonore, sa maman apportait la touche française. Un héritage que l’on retrouve sur l’album commun de Nathalie Blanc et Philippe Petrucciani avec des adaptations des « Moulins de mon cœur », de Michel Legrand, et du « Poinçonneur des Lilas », de Gainsbourg.

Et le jazz dans tout ça? Il est bien là, notamment avec son versant bossa. « On a mélangé nos deux univers, il y a un peu d’elle, un peu de moi. Et puis ce que l’on a en commun, ces standards de jazz qu’on aime », résume Philippe Petrucciani.

Les amoureux se sont emparés du thème de « Crystal Silence », de Chick Corea, avant de puiser l’inspiration du côté de chez Boris Vian. « J’ai profité d’un thème de Philippe pour tenter une improvisation. Au lieu de me contenter des onomatopées du scat, j’ai voulu m’inspirer de ‘‘La Java des Pussy Cats’’ » , explique Nathalie Blanc.

Une preuve d’amour artistique après des années ensemble

On demande au couple pourquoi il a fallu patienter si longtemps pour le voir réuni sur un disque, sans personne d’autre dans les parages.

« C’est vrai qu’on a mis le temps. On travaille ensemble depuis trente ans », sourient-ils. « On a monté un quartet et joué dans différents groupes, séparément. Mais à la maison, on crée souvent à deux, de manière très naturelle. Là, on a vraiment voulu graver dans le marbre cette complicité. »

Standards, financement participatif et hommage à Michel

Après avoir joué « Let’s Have A Walk » en concert à deux reprises l’été dernier, Nathalie Blanc et Philippe Petrucciani espèrent enchaîner les shows avec cet album, avant d’enchaîner avec un nouveau projet.

« Cette fois, on devrait aller uniquement vers les standards de jazz. Toujours sur la base de notre duo, mais peut-être en invitant un musicien différent sur chaque morceau. Sur « Let’s Have A Walk », il n’y a pas de piano. Pour la suite, on pourrait en remettre », détaille Philippe Petrucciani.
Après une première expérience réussie, le tandem pourrait à nouveau faire appel au financement participatif.

« On ne savait pas trop où on allait avec cette campagne, mais elle nous a permis de récolter 3 000 euros. De l’argent que l’on a utilisé pour trouver une attachée de presse et réaliser un clip. »

En attendant de connaître les contours de cette prochaine aventure, Nathalie et Philippe continueront la scène avec « Remember Petrucciani », disque en hommage à Michel, sorti en 2015. « Un peu partout, les gens ont envie d’honorer sa mémoire en nous invitant pour jouer ces titres », poursuit Philippe. « En revanche, c’est un peu plus dur de trouver des dates dans notre région. Je ne sais pas vraiment pourquoi. »

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