Une voix et une guitare.C’est à la fois peu et beaucoup quand la puissance des mots suffit déjà à donner des frissons. Ceux de Claude Nougaro pourraient très bien se passer de musique, se lire à la veillée au coin d’une cheminée, dont le chanteur toulousain, «& …
Une voix et une guitare. C’est à la fois peu et beaucoup quand la puissance des mots suffit déjà à donner des frissons. Ceux de Claude Nougaro pourraient très bien se passer de musique, se lire à la veillée au coin d’une cheminée, dont le chanteur toulousain, « l’ivre d’images » a fait un théâtre. Raison de plus pour saluer, et debout à l’instar du public de la salle Bleue de La Coursive vendredi 12 juillet, la prestation du duo formé par Yves Cujious et Louis Winsberg.
Avoir face à soi un parterre de fans est un piège, surtout quand certains se pensent ténors et commencent à accompagner les artistes. Mais la voix douce du premier et la virtuosité du second à la guitare réduisent rapidement les marmonneurs au silence. On se tait, on regarde et on écoute, comme devant l’écran noir de nos nuits blanches. La pluie fait des claquettes et notre regard fait du ping-pong entre le visage expressif de Cujious et les doigts virevoltants de Winsberg.
Ce dernier, une référence pour les jazzophiles, prend l’accent andalou et injecte une dose de flamenco dans l’univers nougaresque, sans que le jazz ni la java en prennent ombrage.
La chair de poule avec « Toulouse »
Jean-Christophe Sounalet
L’accent toulousain est aussi un atout pour le chanteur, mais il en faut plus pour incarner le « petit taureau », dont un autoportrait est projeté en arrière-plan. Cujious n’a pas besoin d’imiter ni de certificat d’authenticité. L’ancien prof de physique, à qui Nougaro lançait le défi d’écrire ses leçons en alexandrins, appartient au même pays musical et poétique. Son humour démasque « Les Don Juan », sa sensibilité donne un visage nouveau à « Cécile », son sens du rythme parvient à tenir « À bout de souffle ».
Et quand la voix ne peut atteindre les sommets d’émotion de celui qu’il nomme Claude comme s’il était encore là, Cujious embarque le public au bout de sa trompette, alors que la guitare de Winsberg semble contenir tout un orchestre. Pas besoin d’être originaire d’un faubourg des Minimes pour avoir la chair de poule à l’écoute de « Toulouse », l’apothéose du concert. Le petit taureau semble apprivoisé.
Yvan Cujious et Louis Winsberg participeront au grand concert hommage à Claude Nougaro, pour les 20 ans de sa disparition, organisé le 8 septembre à Toulouse.
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