MUSIQUE. Quartier Latin, un nouveau club de jazz créé par le fondateur de « Jazz à Vienne » à Saint- Romain-en-Gal

Jean-Paul Boutellier, fondateur du festival Jazz à Vienne vient de lancer avec son équipe de passionnés le club de jazz “Quartier Latin” dans l’ancien restaurant du Musée Gallo-Romain de Saint- Romain-en-Gal.

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Il en rêvait, il l’a fait. Jean-Paul Boutellier reprend le chemin qui l’avait conduit en 1981 à créer le festival Jazz à Vienne. Celui d’une simple association de passionnés qui propose toutes les deux semaines un concert en petit comité, une proximité immédiate pour les musiciens et le public. Avec des tarifs très abordables, entre 10 et 30 euros. Un retour aux sources prometteur.

“Quartier Latin”, c’est un peu l’esprit de jazz à Vienne des débuts ? 

Depuis un an et demi, voire deux ans, on organisait des concerts privés chez les uns, chez les autres. C’est toujours réjouissant ces petits comités, mais le jazz c’est une musique qui se partage. Il fallait donner un caractère plus officiel. On a alors créé l’association “Jazz Club du Rhône” et fondé le Club “Quartier Latin”. Or, dans les années 60 on a démarré comme ça, à Lyon.

Partout dans le monde le jazz est né dans les clubs, la transmission se fait ainsi, les amateurs rencontrent les pros, c’est fondamental d’échanger dans cette musique, d’improviser, c’est la base même du jazz.

Je ne veux pas faire de polémique. Je constate juste, par exemple, que Jazz à Vienne a supprimé le “Jazz Mix” qui permettait justement chaque nuit, après les concerts, ce partage en plus petit comité. Aujourd’hui les gros festivals sont gérés par des agents qui n’ont pas forcément cet esprit. Et, encore une fois, cette musique-là ne peut se passer d’échanges. Le nouveau directeur artistique de Jazz à Vienne est dans notre association, et j’en suis heureux, ça marque quelque chose. Les festivals de Jazz savent qu’il leur faut rajeunir leur public et ça peut passer par cet esprit club. Le Jazz Mix a existé pendant 9 ans et a été remplacé par la Scène Cybèle qui n’a pas la même ampleur. À Lyon, le HotClub ne désemplit pas justement le mercredi soir avec ses jam sessions qui attirent un public d’étudiants toujours plus nombreux…Oui, c’est chouette ce que fait le HotClub de Lyon. À New-York ça remue aussi beaucoup. En France on est à la traîne.

Le musée fermait son restaurant car le département du Rhône projette une restructuration globale d’ici 2027 et nous avons pu établir une convention avec le département pour deux concerts par mois jusqu’en juin et j’espère ensuite un concert par semaine. Comme dit Pascal Buensoz, notre secrétaire général qui est aussi directeur de Jazz Rhône-Alpes, l’idée c’est déjà de se faire plaisir jusque-là. Après, on verra. On a de quoi fédérer un public. Et le bouche-à-oreille fonctionne. On n’a pas de salariés mais juste des gens passionnés et très au point question programmation, régie son, communication etc..

C’est un lieu magique. L’acoustique était bonne. Je pensais qu’il fallait mettre des rideaux pour cacher la vue au loin sur la circulation mais en fait pas du tout ! On n’est pas dans un caveau jazz voûté. C’est autre chose. Comme dit Pascal Buensoz, avec la vue sur le Rhône on se croirait dans une capitale européenne comme Amsterdam et cet été avec la terrasse ça va être incroyable de voir le public prendre un verre avec les musiciens, après les concerts ! Le Quartier Latin a bien sa place ici ! Et cette première soirée en hommage à notre regretté Mario c’est aussi ancrer ce Quartier Latin dans l’idée de la transmission. Lui qui avait fait à Jazz à Vienne la première partie de Gillespie, il avait préféré enseigner. Et bon nombre des meilleurs pianistes de jazz du conservatoire de Paris sont passés entre ses mains.

« Quartier Latin » ça évoque quoi? 

Parce qu’il est évocateur d’une ambiance parisienne, faite d’étudiants or nous sommes justement dans un lieu situé à côté de deux grands établissements scolaires (le lycée Ella Fitzgerald et l’Institut Robin). Et dans mon idée, ce club de jazz doit aussi être une passerelle pour faire venir les jeunes, une espèce de Centre Culturel, un Quartier Latin foisonnant… J’ai énormement de bouquins, de vidéos, de Vinyls… mes enfants aimeraient en récupérer mais là-aussi, le jazz c’est une question de partage et les mettre à disposition ça me plait.

Steve Coleman ouvre le bal le dimanche 17 mars, d’autres grands noms attendus? 

Je vais essayer d’avoir les John Coltrane de demain ! En plus j’ai mon fils aux Etats-Unis qui nous fait énormément de pub (Jon Boutellier est saxophoniste à New-York) et je suis inondé de demandes pour jouer au “Quartier Latin”. Les américains sont très enthousiastes lorsqu’il s’agit de venir jouer en Europe, d’échanger avec d’autres artistes, d’autres publics.

J’ai pris des engagements avec Coleman. On sera déficitaires sur ce premier concert. Il nous faut encore trouver des partenariats mais ca montre aussi que c’est possible d’avoir un artiste qui joue la veille ailleurs, qui donne un concert le dimanche soir pour nous et s’envole de Saint Exupéry pour un retour aux Etats-Unis le lundi matin. 

Pourquoi les dimanches soirs? 

C’est ce que l’on appelle les “queues de tournée”. Je suis en lien par exemple avec le Duc des Lombards (célèbre Club de Jazz parisien). Leurs artistes jouent du jeudi au samedi soir et le dimanche matin ils peuvent prendre un tgv pour jouer chez nous le dimanche soir. Au BC Blues à Lyon, il y a très longtemps, on fonctionnait déjà comme ça. On réduit les coûts. Et Quartier Latin ce ne sera pas que des artistes internationaux, on joue la carte nationale et régionale. Les musiciens existent et de très bon niveau. Il faut recréer du lien.

Programmation 

L’association Jazz Club du Rhône compte une centaine de membres. Une convention a été signée très récemment avec le département du Rhône jusqu’en juin. 5 concerts sont prévus au musée dans le cadre de Jazz à Vienne. Martine Publié, vice-présidente Culture et Patrimoine au département du Rhône le département dévoilera fin avril quel est l’architecte choisi pour rénover ce musée, « Le quartier latin » a donc de beaux jours devant lui jusqu’en été. 

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