À vrai dire, si le jazz « Sa Majesté le jazz », disons-le comme Nougaro, est un monde, alors L’Estaminet d’Uzeste en serait une des capitales les plus ardentes. Dans ce village forestier des landes girondines – moins de 400 habitants –, le multi-instrumentiste Bernard Lubat, qui a suivi Claude Nougaro jusqu’à la scène de l’Olympia, a construit en 1978 un festival musical « poétique et politique », hommage permanent à la diversité des voix, des musiques, des inspirations. Et à Nougaro. « Il a signifié le commencement sans…
À vrai dire, si le jazz « Sa Majesté le jazz », disons-le comme Nougaro, est un monde, alors L’Estaminet d’Uzeste en serait une des capitales les plus ardentes. Dans ce village forestier des landes girondines – moins de 400 habitants –, le multi-instrumentiste Bernard Lubat, qui a suivi Claude Nougaro jusqu’à la scène de l’Olympia, a construit en 1978 un festival musical « poétique et politique », hommage permanent à la diversité des voix, des musiques, des inspirations. Et à Nougaro. « Il a signifié le commencement sans fin. Il est le poète qui n’a pas eu peur de se confronter à l’incertitude du jazz : l’improvisation est un acte anti-économique par essence ! Nougaro est un ‘‘bifurcateur’’, il nous a imprégnés de son énergie poétique. »
Toulouse via Uzeste
Si Nougaro le Parisien est retourné à ses origines toulousaines, c’est par Uzeste qu’il est passé, assure Lubat. « Paris était redoutable. L’Occitanie était sa source d’inspiration. Ici, j’avais trouvé de la liberté. Il a rôdé autour… » pour la cueillir lui aussi, cette liberté. Nougaro a vécu ses jeunes années, place des Ternes, à Paris. Il a longtemps habité Montmartre. Il était très attaché à la capitale, comme le montrent ses chansons « Montparis » ou « Paris-Mai ». Ce n’est qu’à la fin des années 1980 qu’il achète un loft au bord de la Garonne.
Pour le biographe Alain Wodrascka, qui l’a connu dès 1993, Nougaro associait Toulouse à la souffrance, à « son orphelinat intime ». Il avait passé son enfance chez ses grands-parents, à attendre que sa mère et son père, premier baryton de l’opéra de Paris, rentrent de tournée. « J’ai vécu comme Cocteau ou un autre, mais dans un milieu plouquissime », disait-il. Il se raccrochait à la radio de la cuisine qui faisait vibrer les voix d’Armstrong et Bessie Smith.
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« Régionalisation »
L’hymne à Toulouse est « un malentendu », selon son biographe qui s’amuse de l’entendre chanter « Qu’il est loin mon pays ! » alors que « Nougaro n’y a jamais vraiment vécu ! » Cette chanson « accidentelle » est « un chef-d’œuvre écrit et composé pour un autre interprète que lui. Elle n’était pas dans son univers jazz. Elle était comme un hommage à ses parents, alors que la ‘‘ville rosse’’ lui évoquait plutôt un Toulouse blues. » La faute à Odette (sa deuxième femme NLDR), qui lui a dit : « Quand on fait une chanson sur sa ville natale, on fait une chanson d’amour. »
« Je garde de lui le poète aventurier que l’on a vu naître quand on était dans un combat musical »
Une régionalisation du « chanteur toulousain », qui fut « un cadeau empoisonné », selon son biographe : « Après la mort de Nougaro, sa dernière compagne, Hélène, a contacté Arte pour proposer un documentaire. ‘‘ Quoi, ce chanteur toulousain ?’’, lui a-t-on répondu. Après cette réponse aussi bête qu’explicite, elle n’a plus souhaité s’occuper de sa carrière posthume. » La suite expliquerait sa disparition du panthéon français. « On a occulté la profondeur d’esprit, la richesse de son écriture, ne retenant de lui que la fanfaronnade, les jeux de mots et le chanteur toulousain. Jane Birkin a fait beaucoup pour Gainsbourg. France Gall pour Michel Berger. La fille de Jacques Brel et le fils de Léo Ferré ont entretenu la carrière posthume de leur père de façon très régulière et convaincante. »
La fabrique de tubes
Lubat le compare volontiers à Ferré ou Brel, à cette différence que Nougaro a été récupéré, selon lui, lorsqu’il n’était plus en état de se battre. Bernard Lubat se souvient des derniers concerts avec des « éclairages géants et des arrangements bruyants » qui ne lui ressemblaient pas. « Il était déjà congelé. L’industrie du disque fabrique du solide. Ce n’est pas ce qui restera de Nougaro. Je garde de lui le poète aventurier que l’on a vu naître quand on était dans un combat musical. Mais, les « infirmiers » ont gagné. Ils ont essoré sa potentialité. Ils ont colonisé sa vieillesse. »
Alain Wodrascka se souvient qu’Hélène avait plus d’ambition pour Nougaro que Claude en avait pour lui-même. « Sans elle, il aurait fait une carrière à la Michel Jonasz : un succès d’estime, sans vendre de disques. Il a réussi à parler à un public jeune. Avec ‘‘Nougayork’’, en 1988, il a vendu 500 000 exemplaires. En 2000, ‘‘Embarquement immédiat’’ fait 200 000 exemplaires. »
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Une vision du succès qui fait sourire Lubat. « Pour moi, ce n’était pas un mec à vendre, c’était un mec à vivre. Je me souviens de l’homme de lettres, pas de celui des chiffres. Quand il n’a plus vendu de disques chez Barclay, un mec de 23 ans l’a viré. Il est parti aux États-Unis faire ‘‘Nouga-York’’ qui l’a obligé à fabriquer des tubes. Après, on s’intéresse plus aux tubes qu’à la ‘‘patte’’ qu’ils renferment. »
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