Vingt ans sans Claude Nougaro : retour sur ses grandes collaborations musicales, de Michel Legrand à Maurice Vander en passant par Philippe Saisse

Claude Nougaro s’est éteint le 4 mars 2004, laissant un vide béant, jamais comblé, au confluent de la chanson et du jazz. Chanteur, poète, parolier hors pair, il a su, tout au long de sa carrière, s’entourer d’artistes d’exception. Pour ce 20e anniversaire, nous revisitons sa discographie. Retour sur quelques-uns de ses partenariats historiques.

France Télévisions – Rédaction Culture

Publié le 04/03/2024 18:53 Mis à jour le 04/03/2024 19:08

Temps de lecture : 7 min

Le chanteur français Claude Nougaro sur la scène du Palais des Sports de Toulouse, le 23  février 1983. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

En un demi-siècle de carrière, Claude Nougaro a bâti un répertoire riche de plus de 300 chansons. Auteur, compositeur et interprète, le natif de Toulouse a le plus souvent travaillé avec de brillants musiciens de jazz, eux-mêmes compositeurs, mais aussi arrangeurs. Quand il n’écrivait pas ses musiques, il aimait revisiter et transformer des morceaux de jazz ou de musique brésilienne en les habillant de ses propres mots (c’est l’autre volet de notre hommage). Mais le plus souvent, il travaillait en partenariat avec des compositeurs. On peut citer Jacques Datin, Michel Legrand, Maurice Vander, Eddy Louiss, Aldo Romano, Bernard Lubat, Philippe Saisse, Yvan Cassar ou encore Richard Galliano… Tous ont offert de somptueux écrins aux textes pleins d’humanité, de profondeur, de malice, voire d’autodérision de Claude Nougaro.

Voici quelques perles de sa discographie, certaines écrites et composées par le Toulousain lui-même, et pour une majorité, le fruit d’une collaboration fabuleuse.

« Une petite fille » (musique de Jacques Datin)

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En octobre 1962, Claude Nougaro a déjà presque 33 ans quand son passage à la télévision, fébrile et haletant dans la peau du mari volage conscient d’avoir brisé les illusions de l’être aimé, le propulse dans la cour des grands. Une petite fille fait de lui une vedette. La musique est signée par Jacques Datin, compositeur prolifique de la chanson française dans les années 1950 et 1960 (il disparaîtra prématurément en 1973). Un an plus tôt, en 1961, Datin et le parolier Maurice Vidalin, son grand partenaire musical, ont coécrit la chanson Nous les amoureux qui a remporté l’Eurovision. Avec Nougaro, Jacques Datin va cosigner des pépites du répertoire de l’artiste toulousain comme l’irrésistible et bien arrosé Je suis sous… et l’émouvante Chanson pour le maçon, hommage du chanteur au poète Jacques Audiberti…

« Cécile ma fille » (cosigné avec Jacques Datin)

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Quelques mois après la naissance de sa première fille Cécile le 30 mai 1962, Claude Nougaro s’adresse à son enfant et lui livre le plus tendre et délicat des messages dans une chanson autobiographique qui restera intemporelle. Les mots et la musique lui viennent naturellement, a cappella, et Jacques Datin, à ses côtés, posera partition et arrangements sur le papier. Cécille ma fille sort dans un disque de format super 45T en 1963, à un moment difficile pour Nougaro, immobilisé après un grave accident de la route. Cette chanson sera son premier grand succès. Quant à la petite Cécile, sans avoir rien demandé, elle entre d’office dans la mémoire des Français comme une incarnation de l’amour paternel. Elle apparaît même sur le petit écran à l’âge de deux ans, en 1964, quand une équipe de la télévision française vient rendre visite à son père après sa longue convalescence.

« Le Cinéma » (musique de Michel Legrand)

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La chanson Le Cinéma est lancée en septembre dans un super 45T (quatre titres) où elle cohabite avec Une petite fille, Le Jazz et la java et Les Don Juan . C’est dire si Claude Nougaro frappe un grand coup dans le monde de la chanson, avec son phrasé si particulier et ses rythmes syncopés. Tout ce disque est éminemment jazz et illustre l’association brillante avec Jacques Datin d’un côté (ce dernier a signé la moitié de la mélodie de la chanson Le Jazz et la java) et Michel Legrand (compositeur sur Le Cinéma et Les Don Juan) de l’autre. Legrand est une rencontre artistique décisive pour Claude Nougaro. Si les deux hommes ont commencé à travailler ensemble dans les années 1950, c’est en 1962 que Michel Legrand donne une impulsion décisive à la carrière du chanteur. Il presse Jacques Canetti, à l’époque le producteur et directeur artistique le plus puissant de la chanson, de signer Nougaro sur son label Philips. Canetti était peu intéressé, mais il se rendra à l’évidence : le super 45T aux quatre pépites est un triomphe. Et Le Cinéma est un petit chef-d’œuvre à la structure inhabituelle, cinématographique en somme, sans couplet ni refrain. Seul l’épilogue fait écho au prologue de la chanson, celle-ci ayant été ponctuée par une furtive citation musicale du standard de jazz Caravan créé autrefois par l’orchestre de Duke Ellington…

« Schplaouch ! » (musique de Michel Legrand)

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Parmi les différentes chansons nées de la collaboration entre Nougaro et Legrand, on ne résiste pas à la tentation de mettre en avant cette merveille à la fois aquatique et philosophique, sortie en 1966. Claude Nougaro nous y éclabousse de toute sa soif et sa force de vie, porté par les brillants musiciens de jazz que Michel Legrand a fédérés autour de lui. Des jazzmen comme l’organiste Eddy Louiss, le claviériste Maurice Vander, le batteur Daniel Humair et le saxophoniste Michel Portal ont pris ainsi part à l’enregistrement de l’album Bidonville (1966) dans lequel figure ce titre.

« La Pluie fait des claquettes » (musique de Maurice Vander)

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Claude Nougaro aime décidément l’élément aquatique, et notamment la pluie. Avec le pianiste et organiste de jazz Maurice Vander, l’un des plus importants partenaires de sa carrière, il cosigne plusieurs classiques, dont l’éblouissant La Pluie fait des claquettes en 1968. Si le titre évoque le souvenir d’un Gene Kelly dansant sous une grosse averse dans Singin’ in the Rain, la chanson contient bel et bien une allusion à l’âge d’or de Hollywood, en la personne de Marlene Dietrich… Plusieurs années plus tard, en 1980, Nougaro dédiera un texte à son ami Maurice Vander qu’il surnomme le Coq. Ils écriront ensemble Le Coq et la pendule

« Nougayork » (musique de Philippe Saisse)

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Dans les années 1980, Claude Nougaro se retrouve évincé de la maison de disques Barclay pour cause de ventes insuffisantes de son album Bleu Blanc Blues (1985). Le chanteur toulousain s’envole alors pour New York sur le conseil de l’ingénieur du son Mick Lanaro qui a travaillé sur plusieurs de ses disques. Il rencontre le claviériste Philippe Saisse, arrangeur pour Al Jarreau. Invité à résider chez la veuve de Charles Mingus, Nougaro s’immerge dans les racines du jazz et la magie de New York. Il écrit le texte de la chanson Nougayork en dix minutes. Saisse y pose une musique qui lui est venue dans le métro. De retour à Paris, le chanteur signe chez Warner. L’album Nougayork sort en 1987. Nile Rodgers joue de la guitare sur le titre éponyme. Philippe Saisse est le compositeur de plusieurs titres de l’album du nouveau souffle de Nougaro, comme le splendide Il faut tourner la page.

« Rimes » (musique d’Aldo Romano)

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À partir des années 1980, Claude Nougaro collabore avec le célèbre batteur de jazz Aldo Romano. Ils cosignent plusieurs chansons que l’on peut retrouver dans quatre albums du chanteur entre 1981 et 1997. Une ultime trace de ce partenariat artistique, l’émouvant Eau bleue , fera l’ouverture de l’album posthume de Nougaro, La Note bleue, sorti en novembre 2004, soit huit mois après sa mort. Mais on conserve un attachement particulier pour la poésie et la douceur de Rimes, chanson lancée en 1981 sur l’album Chansons nettes.

« Vie, violence » (musique de Richard Galliano)

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« Vie violence/ Ça va de pair/ Les deux se balancent/ Paradis enfer », chante Claude Nougaro dans le titre emblématique de sa collaboration avec un autre grand jazzman : l’accordéoniste et bandonéiste Richard Galliano. Les deux artistes se connaissent depuis le milieu des années 70. Galliano a accompagné Nougaro durant sept ans, jusqu’au début des années 1980, se souviendra-t-il sur France Inter en mars 2021. Puis ils se perdent de vue et se recroisent dans un couloir de studio. Claude Nougaro lui commande alors un « tango rock ». Au moment d’y travailler, au piano, Richard Galliano se souvient des échauffements vocaux de son vieil ami en coulisses, des notes aiguës par lesquelles il attaquait sa mise en voix… Puis les deux musiciens se retrouvent pour façonner la structure du morceau que l’accordéoniste comparera à un « tango méditerranéen »… La chanson est sortie en 1993 dans l’album Chansongs de Nougaro. Morceau fétiche du répertoire de Galliano, Vie, Violence poursuit aujourd’hui son aventure sous sa forme instrumentale.

« L’Île Hélène » (musique d’Yvan Cassar)

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Yvan Cassar, pianiste, compositeur, arrangeur et directeur musical incontournable de la chanson, a réalisé les trois derniers albums de Claude Nougaro, dont un enregistrement live ainsi que l’album La Note bleue sorti à titre posthume en 2004. Dans le premier de ces disques, Embarquement immédiat, lancé en janvier 2000, Cassar signe la musique d’une très émouvante chanson dédiée à Hélène Nougaro, la dernière épouse du chanteur. L’Île Hélène a été composée à Toulouse en 2014. Le compositeur y a glissé des sonorités folk.

« C’est une Garonne » (musique de Ray Lema)

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Toujours dans l’album Chansongs (1993), figure une ode de Claude Nougaro au fleuve de sa ville natale, La Garonne, et dont les mots sont gravés sur une plaque sur une promenade des quais, à Toulouse. Cette chanson, C’est une Garonne, a été écrite avec le merveilleux pianiste Ray Lema, ami du chanteur. « Moi ma caravelle, c’est sa rive belle/ Là où l’hirondelle vient pondre son œuf/ Ma vague émeraude, c’est une Garonne/ Quand elle se fait chaude au bras du Pont-Neuf… »

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