Le jazz en réalité augmentée

Pour les gens qui m’entourent, rien ne semble se passer en ce moment sur la place des Festivals, au centre-ville de Montréal. Sur l’écran de mon téléphone intelligent, il se passe pourtant beaucoup de choses. La caméra est pointée vers le Mur des légendes — le nom donné à la façade est de la Maison du Festival Rio Tinto Alcan, où une photo grand format de 24 grands noms de la musique jazz occupe chaque soir chacune des 24 fenêtres de ce mur. 

Une sculpture 3D abstraite de formes arrondies interconnectées prend vie sur mon écran. Celle-ci bouge au rythme de la musique diffusée dans mes écouteurs. Une voix me parle de l’importance de l’improvisation dans le jazz, pendant que des formes, des photos et des vidéos d’artistes jazz connus virevoltent dans les airs. L’expérience est éclatée. Un peu comme le jazz, finalement. 

Tout cela s’affiche en réalité augmentée sur mon téléphone, donc superposé à ce qui est filmé par la caméra de mon appareil. Cette nouvelle expérience, intitulée Le jazz est partout, sera lancée le 29 juin à l’occasion du Festival international de jazz de Montréal. Elle sera en ligne au ar.montrealjazzfest.com et accessible gratuitement. Pour que ça fonctionne, il s’agit d’être sur la place des Festivals et de pointer sa caméra vers le Mur des légendes.

« Il y a huit capsules en tout, qui durent de deux à trois minutes », m’explique Nicolas S. Roy, président et directeur de création de Dpt., l’agence qui a réalisé l’œuvre à mi-chemin entre un balado et une œuvre d’art numérique. Les capsules s’inspirent des quatre décennies de l’événement et touchent des thèmes comme le hip-hop et le jazz, ou encore la voix dans le jazz, généralement en faisant un pont entre les artistes du passé et ceux du présent. « C’est une façon de donner vie aux archives du festival », résume Nicolas S. Roy.  

Photo : Maxime Johnson

Les amateurs de jazz en auraient certainement pris davantage (j’attends personnellement le jour où Miles Davis pourra apparaître virtuellement devant moi et refaire son concert de 1983 au Théâtre St-Denis), mais les capsules permettent aux néophytes de s’initier en quelques minutes seulement à certaines facettes de cette musique.

Les capsules ont d’ailleurs été créées avec le concours de collaborateurs actuels et passés du festival, dont son cofondateur André Ménard et Céline Peterson, la fille d’Oscar. Chaque tableau est conçu pour être écouté indépendamment des autres, entre deux spectacles, par exemple, ou en attendant un ami. « C’est aussi une façon de faire vivre le festival à longueur d’année, puisque le contenu sera accessible en tout temps », ajoute le directeur de création. 

Photo : Dpt.

De l’ADN de Pokémon

Pour plusieurs, le premier contact avec la réalité augmentée date du lancement du jeu Pokémon GO, de l’entreprise américaine Niantic, qui encourage depuis 2016 des millions de joueurs à sortir de chez eux pour partir à la chasse aux petites créatures numériques en les « capturant » avec leur téléphone intelligent, comme si celles-ci étaient vraiment parmi nous. 

Il y a un peu de Pokémon GO dans l’œuvre en réalité augmentée du festival, puisque la technologie utilisée pour créer les tableaux, 8th Wall, appartient aussi à Niantic. L’outil permet aux spectateurs de regarder l’œuvre dans le navigateur Web de leur téléphone intelligent, sans devoir installer d’application. « Un logiciel dédié permettrait d’offrir une expérience plus complexe, avec des images qui apparaîtraient à des endroits plus précis, mais on a préféré opter pour l’accessibilité », précise Nicolas S. Roy. Inviter les visiteurs à accéder à un site Web est en effet plus facile que de les convaincre d’installer une application mobile.

Sur son site, 8th Wall affirme que sa technologie peut être visionnée sur la vaste majorité des téléphones Android et iOS en circulation en ce moment.

La progression de la réalité augmentée

Plusieurs industries ont déjà adopté la réalité augmentée, comme les réseaux sociaux (pour les filtres) et certains détaillants en ligne, tels que les lunetteries, qui permettent d’essayer des lunettes virtuelles

Le milieu artistique suit donc la vague : le festival de musique californien Coachella offrait cette année plusieurs expériences en réalité augmentée (des installations artistiques virtuelles, des chasses au trésor et des filtres pour les réseaux sociaux créés par des artistes du festival, notamment) ; et le Grand Palais Éphémère à Paris était le théâtre, la fin de semaine dernière, de la troisième édition de Palais Augmenté, un festival consacré à la création artistique en réalité augmentée et aux innovations culturelles immersives.

L’une des dernières créations en réalité augmentée de Dpt., À plein volume : Basquiat et la musique, a d’ailleurs été présentée l’hiver dernier au Musée des beaux-arts de Montréal. L’exposition d’œuvres de l’artiste Jean-Michel Basquiat pouvait être visitée téléphone à la main et écouteurs aux oreilles, après avoir téléchargé une application. Un visiteur sur quatre l’avait installée, pour avoir accès à des contenus interactifs le plongeant dans le New York des années 1970 et 1980. Plus de 210 000 interactions ont été effectuées avec les œuvres de Jean-Michel Basquiat grâce à la réalité augmentée.

L’arrivée, l’année prochaine, du casque Vision Pro d’Apple, capable autant de réalité virtuelle que de réalité augmentée pourrait donner un élan à cette dernière, estime Nicolas S. Roy. 

Il ne faut pas s’attendre à voir la place des Festivals déborder de visiteurs avec un casque Apple sur la tête l’été prochain — à environ 5 000 dollars pièce, ce produit risque d’être adopté par un nombre limité de gens. Mais il est vrai, par contre, que l’amélioration des technologies pour le casque devrait entraîner un perfectionnement des outils utilisés par les développeurs d’expériences en réalité augmentée sans casque.     

Dpt. aimerait bien que la mouture de l’expérience Le jazz est partout dévoilée cette année ne soit qu’un début. « Notre but serait non seulement d’ajouter du contenu et de le mettre à jour, mais aussi de profiter des nouvelles avancées technologiques pour rendre l’expérience de plus en plus immersive », conclut Nicolas S. Roy.

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