Jazz Trotter : Faraj Suleiman – As Much As It Takes

Des obstacles se sont dressés sur la route de Faraj Suleiman : quand on nait en 1984 dans un village palestinien, la carrière de pianiste n’est pas une voie toute tracée. Et même si son nom est désormais connu des mélomanes européens, il a bataillé durant la crise sanitaire, coincé à Paris alors qu’il vit à Haïfa, pour que son nouvel album parvienne à nos oreilles. C’est le sens de son titre, “ As Much As It Takes” : quoi qu’il en coûte.

Quoi qu’il en coûte, Faraj Suleiman compose et enregistre pour nourrir une discographie déjà copieuse, parce que la musique le submerge. Elle est l’expression de ses joies et de ses peines, de ses colères aussi. Elle est instrumentale et narrative : elle est intime, universelle et politique. Toute œuvre produite par un Palestinien est, dixit le pianiste, intrinsèquement politique. “As Much As It Takes” raconte son histoire, depuis sa jeunesse déchirée entre les leçons de piano et le foot des copains, jusqu’au Montreux Jazz Festival où son rêve d’artiste s’est accompli. Parallèlement à ses albums constitués de chansons, dont “Upright Biano” en 2023, le prolifique compositeur signe ici un projet instrumental dont les onze titres déroulent les étapes de sa trajectoire vertigineuse : Rama Village fait écho à son enfance, Akka-Safad porte le nom de la route traversant les paysages galiléens, Dal’ouna In The Galilean Wedding évoque les musiques de mariage auquel son père le destinait, etc.

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Ocora Couleurs du monde

1h 00

Enregistré en Suisse, “As Much As It Takes” est tantôt interprété en duo, trio, quartet ou quintet avec Louis Matute (guitare), Jules Martinet (contrebasse) et Alberto Malo (batterie), ainsi que les oudistes Darwish Darwish et Habib Shehadeh Hanna, en plus de la participation exceptionnelle du trompettiste Erik Truffaz sur Oriental Melody et Have You Eaten ?. « Tu as mangé ? », c’est encore ce qui inquiète la grand-mère de Faraj Suleiman, même lorsqu’il vient de se produire sur une scène européenne prestigieuse.

L’esthétique est composite, comme toujours chez Faraj Suleiman qui est tout autant enraciné dans les musiques arabes familiales, formé au classique académique, pétri de l’histoire du jazz et adepte de l’improvisation contemporaine. Il ne se cite pas d’influences décisives, à la fois trop nombreuses et dissoutes dans son propre discours – tout juste mentionne-t-il Tigran Hamasyan, chez qui le jazz et la tradition arménienne percutent le heavy metal, comme une référence possible. Faraj Suleiman marche sur le fil entre Orient et Occident, en prenant soin de s’adresser aux auditeurs des deux rives. Son funambulisme balance aussi entre le groove de sa main gauche et les mélodies de sa main droite, entre la sophistication des compositions et son souci d’une musique narrative. Équilibre aussi, sur ce nouvel album, entre le piano et l’oud dont les dialogues sont tantôt raffinés (Table For Two) ou torrentiels (Unsolved Cube). Ces ambitions sont portées par des émotions exprimées sans filtre, du romantisme à la colère. Le Palestinien revendique les tensions qui imprime certains titres (les riffs de guitare électrique sur On Your Toes), en expliquant qu’elles émanent de sa vie à Haïfa imprégnée par l’oppression ressentie au quotidien. De Haïfa à Paris et de Paris à Haïfa, les villes où Faraj Suleiman réside sont le principal moteur de son inspiration.

Accueilli en résidence à la Cité internationale des arts, puis retenu par la crise sanitaire à Paris pendant trois ans, le pianiste a enfanté “As Much As It Takes” sur le sol européen. Son retour à Haïfa est naturellement le sujet du dernier titre de l’album, Return, où s’entendent à la fois l’empressement puis l’apaisement du périple achevé. La musique de Faraj Suleiman est instrumentale mais elle nous raconte des histoires. Les siennes, qui sont aussi celles de tous les Palestiniens ballotés dans le vent du conflit, et de nous tous.
(extrait du commun,iqué de presse)

Open jazz

59 min

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