Retours – Quand le jazz est là, la java…

Cet été, comme chaque été, en Suisse romande et dans ses environs immédiats, les manifestations consacrées au jazz se sont succédé sans discontinuer: Montreux, Vienne en France, Lugano, Willisau, entre autres. Chacun de ces festivals existe depuis plusieurs décennies. Ils ont donc toujours coexisté avec d’autres types de programmation, de la musique classique au rock. Mais le jazz en Europe bénéficie d’une aura particulière. Presque sans poids dans l’industrie du disque, le genre swinguant connaît, depuis longtemps, les vertiges festivaliers. De réputation, musique pour mélomane pur, donc confinée souvent aux rayons poussiéreux des marchands de musique, le jazz sur scène attire les foules.

De la virtuosité des musiciens à la spontanéité de la tradition improvisatoire, les arguments ne manquent pas pour susciter l’intérêt des auditeurs vacanciers. Et ce ne sont pas les festivals dont la programmation ne contient que du new orleans ou du swing bon teint qui remportent le plus de succès. Pour preuve, la progression constante de l’affluence à Vienne, notamment. Durant deux semaines, au mois de juillet, dans un théâtre antique grandiose, les étoiles du jazz contemporain ont suffi à drainer un public de plusieurs milliers de spectateurs chaque soir.

Clos il y a quelques jours, le Festival de Willisau, situé à quelques kilomètres de Lucerne, convie régulièrement les inventeurs actuels du jazz, venus de New York pour la plupart. Sans promotion expansive, sans boulevards de stands pour statuettes mystiques en toc, Willisau remplit, bon an mal an, sa gigantesque halle.

Le succès jamais démenti du festival alémanique n’a pas empêché son principal sponsor d’abandonner le navire, l’année dernière. UBS a préféré consacrer ses investissements à d’autres événements culturels, avec le risque de donner un coup fatal à Willisau. Contre toute attente, la chaîne de magasins EPA a repris le contrat. Qu’une telle entreprise, sur un marché plutôt populaire, choisisse de soutenir financièrement une manifestation de jazz avant-gardiste, annonce peut-être un changement de mentalité.

Le bilan commercial d’un festival, de par sa nature périodique, est toujours instable. Un festival sans le soutien des partenaires financiers ou médiatiques est aujourd’hui un festival mort. On le sait: ce ne sont pas les billets d’entrée qui parviennent à équilibrer un budget. Dans cette logique, Claude Nobs, directeur du Festival de jazz de Montreux, n’a jamais considéré son projet sous un angle uniquement artistique.

Chaque année, à Montreux, la liste des sponsors semble s’allonger. Et les médias, soutenant de près ou de loin le festival lémanique, sont toujours plus nombreux. C’est que le Montreux Jazz a déplacé son enjeu. D’une manifestation réservée à certains jazzmen confidentiels ou à des musiques rares, le festival poids lourd s’est mué en représentant de commerce. Dont la musique n’est qu’une des composantes. Les dizaines d’échoppes, les bars colossaux, la vente des droits de transmission de concerts sont désormais indispensables à la survie du festival et à la santé d’un budget de 18 millions de francs.

Comme dans le monde du football où le match devient parfois une formalité dérangeante pour ses promoteurs, la musique à Montreux est un accessoire, un prétexte dans la machinerie économique. D’où la frilosité des programmateurs, plus enclins à faire revenir systématiquement les mêmes têtes d’affiche et à ne pas éveiller, ainsi, les craintes des sponsors assoiffés de retombées.

C’est le malentendu évoqué plus haut. Les critiques de jazz et les mélomanes de toutes sortes, l’été venu, se rendent dans les festivals, en croyant n’entendre qu’une suite de concerts. Ils omettent la valeur ajoutée: sa frénésie festive, son esprit communautaire, ses objectifs de divertissement.

Alors, dans cette perspective, quelle place occupent des événements culturels du type de Willisau et Vienne, ou encore Lausanne en octobre et Cully en mars? Soit des festivals dont les perspectives de croissance sont limitées, mais qui consacrent la plus grande partie de leur énergie à concevoir une affiche enthousiasmante… N’est-ce pas anachronique que de miser exclusivement sur une musique dont les parts de marché sont dérisoires?

La réponse réside dans l’accueil triomphal que réservait, par exemple, dimanche dernier, une foule de plus d’un millier de personnes au pianiste de free jazz Cecil Taylor, dans les murs de Willisau. Malgré un concert d’une exigence rare, malgré la qualité médiocre des éclairages, le silence était total dans la salle. Ainsi, le jazz est peut-être, dans l’imaginaire collectif, le lieu même d’une écoute attentive. Bien éloigné des kermesses culturelles et des prérogatives parfois outrancières des partenaires financiers.

Le festival de jazz reste alors, oasis dans le désert, l’endroit où l’on ne fait qu’écouter de la musique…

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